✝ Polymnie ; amer et illusoire.
| Sujet: Duel de GreenLeek et d'Angie [ 15 Juillet - 30 Juillet ] Jeu 15 Juil - 22:40 | |
| Bonjour; Voici le vote du premier duel sur Euphemism. Je rappelle les règles pour les candidats, mais aussi pour les votants. Tout d'abord, sachez que les textes sont anonymes de manière à éviter le favoritisme, il est bien entendu interdit aux candidats de révéler quel est leur texte. En second lieu, étant donné que cette petite mesure de "sécurité" n'est parfois pas suffisante, nous vous prions d'argumenter, en répondant à ce sujet, votre vote, si vous ne faites que cocher dans le sondage, votre avis ne sera tout simplement pas pris en compte. Je tiens à préciser que le sondage ne sert qu'à donner une vision globale, mais ne sera pas regardé par l'examinateur qui va clore le duel, ce sont vos messages qui comptent. Attention, cela ne veut pas dire que vous pouvez ne pas voter sur le sondage, vous devez faire les deux. Pour finir, de manière à ce que vous sachiez sur quoi fonder votre avis, je vais énoncer le thème. Il s'agissait d'écrire une lettre à un sentiment, en le personnifiant, elles devaient donc commencer sur ce modèle : "Chère Amour", "Chère Colère", "Cher Bonheur" ... Voilà, nous comptons sur vous pour noter de manière critique et objective.
Texte n°1- Spoiler:
CHERE PASSION
Lettre du 8 Décembre 1821. Je t’ai connu alors que je n’avais que cinq printemps à peine. Cette magie qui m’avait transporté … Cette amour de la perfection, qui, l’espace d’un instant, m’avait consumé entièrement. Tu t’emparais de moi à chacun de mes coups porté à la toile vierge devant moi ; à chacun de mes traits colorés ajoutés à l’œuvre qui naissait sous mes mains. Mais il manquait toujours une chose essentielle à mes peintures ; je ne savais pas quoi. Ce détail, cet effet d’inachevé achevé m’emplissait de frustration à chaque fois. Cependant, je ne pouvais m’empêcher de continuer, encore et encore, jusqu’à atteindre cette perfection tant désirée. Dès l’âge de dix ans, je passais chacun de mes instants de liberté dans les aquarelles, les chiffons et les tableaux de mon atelier. Endroit que je devais défendre ongles et dents contre mon père, qui ne supportait pas que je gâche mon temps dans cette chose ostensoir ; je peignais sans prendre gare à ses avertissements : chose que je devrais payer un jour ou l’autre. Mais je ne vivais qu’à l’instant présent. Et cette sanction suprême me semblait lointaine, lors de mes jeunes années. Passion, tu t’emparas encore de moi, en une occasion si particulière ; mon père, riche patron d’usine, exaspéré de mon indocilité, avait détruit tout ce qui composait cet atelier tant aimé. Toutes mes peintures jetées au sol et piétinées ; mes poteries et mes pots à pinceaux brisés. Et mes pastels barbouillaient à présent les murs, dans un décor infernal à mes yeux. Je tombais à genoux sur le marbre dur de la pièce, tant la fureur passionnée qui m’envahit fut rude. Il avait détruit ce que j’aimais. Il avait détruit mon utopie, mon monde. Tout s’effondrait autour de moi ; tous les murs illusoires que je pensais éternels, solides, s’effritaient, se détruisaient. C’est à cet instant que je sombrais totalement dans la passion, qui me protégeait du monde extérieur, de la vérité froide et pragmatique.
Je ne peignais plus. Mon père, satisfait, m’accorda plus de son attention, et me donna ce qui pour lui, devait être le plus beau des cadeaux : le lendemain, je viendrais procéder à un licenciement massif dans l’une de ses usines. Passion, ma dame, tu me possédas, en cet instant fatidique. Tu m’enrobas de ta douceur, tu me convainquis que c’était la meilleure chose à faire pour ces pauvres gens qui se tuaient un peu plus chaque jour à la tâche. Le lendemain, devant ces centaines de fantômes livides et éteints, un sourire doux, un sourire d’excuse se peignit sur mon visage, tandis que je leur annonçais la funeste nouvelle. Ce qui me marqua le plus, en cette matinée grise, ce fut les pleurs compulsifs d’une femme pâle et maigre, qui s’effondra dans les bras de celui qui semblait être son époux. Mon cœur se serra, mais je ne pouvais rien faire. J’étais persuadé que je faisais cela pour leur bien ; c’était toi, Passion. Toi qui m’en avais persuadé. Plus renfermé que jamais, au cours des semaines suivantes, je me dépravais. J’écumais les bars des quartiers malfamés ; je divaguais. Je sombrais. J’étouffais, privé de cette passion qui me faisait vivre, auparavant. Et vint le jour fatal. J’étais assis au comptoir d’un bar miteux, une choppe vide à la main. Je me souviens qu’un homme me provoqua. J’étais furieux. Désespéré. Au bord de la dépression. Il m’avait défié devant tous. Alors, avec arrogance, je lui avais proposé un duel au revolver, le lendemain à la première heure, sur la colline. Et il avait accepté.
Nous nous étions retrouvés le matin suivant à l’endroit prévu. L’air matinal était mordant, mais je n’en avais cure. Mon regard était fixé sur mon adversaire. Un inconnu, témoin du bar, était venu juger le cartel. Dès son signal, nous devrons nous retourner et tirer. De dos, j’exultais à l’avance. Un frémissement, une adrénaline jusque là inconnue m’envahit. Je restais confiant. Je l’étais. Jusqu’à son signal. Jusqu’à ce que je me retourne. Jusqu’à ce que je tire. Jusqu’à ce qu’une douleur atroce à la poitrine ne me fasse m’écrouler. Jusqu’à ce que le sang m’empêche de respirer. Jusqu’à ce que le noir s’empare de moi. Passion, tu m’avais trahit. Tu m’avais amené dans un piège mortel. Aujourd’hui encore, je garde sur mon torse des traces de cet affrontement. J’avais mit très longtemps à guérir. Lorsque je me suis réveillé, j’étais allongé sur mon lit, dans la résidence de la famille. Un bandage immaculé m’enserrait les flancs, qui me faisaient terriblement souffrir. J’entendais vaguement des voix, à mon chevet. Je réussi difficilement à reconnaître ma mère, en cette voix à la limite de l’hystérie. Elle s’en voulait. Elle en voulait à mon père. Elle disait que c’était de leur faute. Qu’ils n’auraient jamais dû. S’ils savaient … J’étais un passionné. De ceux que la vie consume jusqu’à ce qu’ils en meurent. Un sourire fleurit sur mon visage, puis plus rien. Au fil des semaines qui suivirent, mon état allait en s’aggravant. Je crachais du sang. J’étais encore plus livide qu’à l’accoutumé. Je mourrais à petits feus.
J’étais totalement désœuvré. Je faisais ce qu’il me plaisait de mes journées, lorsque j’arrivais à marcher sans m’évanouir. Souvent, une violente fièvre me prenait, m’obligeant à garder le lit plusieurs jours d’affilée. Passion, tu m’avais repris. Tu m’inspirais. J’étais fébrile. Mes yeux brillaient continuellement. De fatigue. De passion. Un soir, une soudaine inspiration me pris. Aussi rapidement que je le pus, je partis toquer à la porte de ma mère, sachant qu’elle ne dormait pas encore. D’une voix ardente, je lui avais murmuré quelques mots. « Laisse-moi te peindre ». Je l’avais emmenée dans mon atelier détruit, parmi les morceaux de toiles et poteries. Et je l’avais peinte. Avec ce qui me restait, ce que je trouvais. J’y mettais toute mon âme. Les yeux d’un bleu délavé de ma mère apparurent sur la toile, plus beaux que jamais. Son teint immaculé était resplendissant. Ses longs cheveux blonds avaient retrouvé tout leur éclat sous mes coups de pinceau. Malgré cette balle fichée entre mes cottes, qui prenaient ma vie petit à petit, malgré ma douleur, malgré tout, je peignais, maintenant. A nouveau. Plus rien ne comptait, hormis ceci. Les traits empreints de noblesse de la femme qui était mon modèle prenaient soudain vie sur cette toile ; c’était ma plus belle œuvre. J’étais en osmose avec. Dame Passion ne m’avait pas trahi. Elle m’avait ouvert les yeux. Sur un monde plein de couleurs. Un monde où tout est possible. Un monde à son image. Un monde passionné.
Ce soir, nous sommes quelques mois plus tard. A peine quelques temps auparavant, j’avais trouvé ma voie. J’avais trouvé ce monde des artistes ; celui qui n’appartient qu’à eux. Je suis guéri, maintenant. Assez fort pour tenir tête à mon père. Je suis en osmose avec vous, Passion.
Depuis le début de cette lettre, j’essaie de retarder l’échéance. J’ai fait ce que j’avais à faire, aujourd’hui.
Passion. Tu me possède encore une fois. Pour la dernière fois. Tu m’inspire. Tu m’exulte. Un sourire naquit sur mes lèvres. Unique. Tandis que j’appuie sur la gâchette du revolver.
Ce monde là ; ce monde coloré. Je veux le voir, le visiter. Au moins une fois.
Texte n°2- Spoiler:
J’ai eu le droit à une lettre. Une seule lettre pour te dire tout ce que j’ai sur le cœur. Ou plutôt, tout ce qu’il y a dans ma tête. Tellement de choses à dire… mais je n’ai pas les mots. Les deux autres participantes, contre qui je livre bataille ce soir, les ont, elles. Elles savent mettre un terme sur leurs sentiments. Elles manient l’écriture comme deux déesses. Comment rivaliser contre elle ? Je ne dirai pas que ma jalousie envers elle est excessive, mais je ne peux pas affirmer que je ne ressens pas un pincement au cœur lorsque je lis leurs textes, ici, sur Euphemism. Oui, tu m’as bien comprise, Jalousie. Comment espérer remporter un concours, alors que les rivales sont dix fois supérieures à moi ? Alors qu’elles pourraient m’écraser en un claquement de doigts ? Alors que lorsque je me compare à elle, je suis… sans couleur, sans intérêt, démunie ? Tu me diras « ce n’est que pour écrire, pour s’amuser… » : mais comment s’amuser lorsque l’on sait que notre texte sera futile ? Qu’il sera lu au maximum deux fois ? Parce que je sais que bon nombre de personnes ont déjà lâché, là. « Taaain, elle nous fait chier avec sa Jalousie ! » Mais passons. Je suis lancée, Jalousie, je ne te quitterai pas en si bon chemin.
Je te déteste Jalousie. A cause de toi, j’ai brisé une amitié. Et ce que j’ai fais est irréversible. Je ne m’en rends compte que maintenant. Pourquoi t’es-tu emparée de mon cœur ? Pourquoi continues-tu d’empiéter sur mes sentiments, sur mon cerveau – car ce sont de là que viennent véritablement les sentiments ? Pourquoi lorsque cet être si cher à mes yeux frôle l’une de mes amies, tu noircies mon cœur ? Pourquoi à cause de toi, je suis prête à faire un meurtre dès qu’Il s’intéresse un tant soit peu à quelqu’un d’autre qu’à ma petite personne ? Tu me dis que l’Egoïsme aurait été un meilleur destinataire. Mais c’est toi qui me fais devenir égoïste ! C’est de TA faute, et seulement de la tienne ! Combien de cheveux me suis-je arrachée en pensant à Toi ? Combien de larmes ais-je versées lorsque tu frappais mon cœur comme un vulgaire sac ? Je te hais, je te déteste… juste à cause de TOI, juste par TA faute… tant de sentiments noirs et obscurs se mélangent en moi… la haine, le désespoir, l’amertume, l’envie, la tristesse, la douleur… tu ne peux pas savoir, tu ne peux pas comprendre. Après tout, tu n’es qu’un sentiment, n’est-ce pas ? Tu n’es qu’abstraite, quelque chose que l’on s’imagine… Sauf que le mal qui me ronge n’est pas imaginaire. Je ne suis pas dans « Le Malade Imaginaire ». Je ne suis pas un auteur, tel que Molière, voyez, où mènent mes mots ? Nulle part. Je ne suis pas actrice. Où mènent mes jérémiades ? Nulle Part.
Tu t’empares de moi à chaque fois que je pose les yeux sur ce que l’on appelle « meilleure amie ». Pourquoi lui a t-on fait un joli corps ? Une magnifique personnalité ? Pourquoi rayonne t-elle partout où elle passe ? Pourquoi suis-je si fade à côté d’elle ? Et toi, Jalousie, pourquoi germes-tu en moi comme de la mauvaise herbe ? Je n’ai pas de désherbant, bon sang ! Tu prolifères dans mes entrailles comme les ronces : meurtrières et détestables. Tu blesses, tu infectes, tu empoisonnes tout le monde. Pourquoi existes-tu ? L’Amour, le Bonheur, la Joie… tout ça ! Tout ça paraît si éphémère, lorsque l’on y pense. Alors que toi, tu es là. Tu persistes, tu survies. Tu te nourris des mauvais sentiments, ceux qui n’ont de cesse que de me pourrir de l’intérieur.
Tu dois bien rire devant cette vulgaire lettre. Tu vas encore frapper, je le sais. Je ne sais pas quand, je ne sais pas où, mais je serai prête. Je t’attends, saleté. Viens, si tu te crois à la hauteur…
Mes plus tendres sentiments, Ta dévouée Juliette . PS : Réponds rapidement à mes questions. J’attends impatiemment tes réponses…
A l'origine, il devrait y avoir trois textes, car nous avions trois participants, mais nous n'avons pas reçu la participation de Mocerino qui a, je tiens à le préciser, tout de même signalé son absence.
Voilà, Bonne lecture et bons votes :P
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